1974-2024 : Il y a 50 ans : Occupation réussie du chantier de Marckolsheim (F)
Veröffentlicht am 19.09.2024 in der Kategorie version francais von Axel Mayer
1974-2024 : Il y a 50 ans : Occupation réussie du chantier de Marckolsheim (F) / Des premières luttes pour la lutte contre la pollution de l'air à la protection du climat
Court avant-propos
Toujours un peu éclipsée par le grand conflit centrale nucléaire-Wyhl, la première occupation de chantier écologique, transfrontalière organisée et réussie au monde se déroule à Marckolsheim am Rhein en Alsace, au pied du Kaiserstuhl. Le 20 septembre 1974, le chantier de Marckolsheim est occupé par des habitants des deux côtés du Rhin et une maison ronde en bois, première maison d'amitié sur le Rhin, est construite sur un modèle indien. Il y a 50 ans, les habitants du Bade-Alsace empêchaient la construction d'une usine chimique au plomb extrêmement polluante. Trente ans après « l’inimitié héréditaire » de la Seconde Guerre mondiale, le rêve d’une Europe commune et sans frontières a été rêvé et réalisé sur la place occupée. Les expériences de Marckolsheim et le succès de l'occupation illégale ont été importants pour le succès de la protestation contre les projets de centrales nucléaires de Wyhl (D), Kaiseraugst (CH) et Gerstheim (F). À partir de ces débuts du mouvement environnemental et du mouvement de lutte contre la pollution atmosphérique, se sont également développés les conflits ultérieurs sur le dépérissement des forêts 1.0 et le mouvement actuel pour la protection du climat. Une impulsion importante pour le mouvement environnemental mondial est venue d'un petit village alsacien au bord du Rhin.
Axel Mayer
Une implantation contestée
Une entreprise allemande de fabrication de plomb, la Chemische Werke München (CWM) prévoyait de s’installer en France, directement à la frontière. Le projet de construction fut rendu public en 1973. Ce moment politiquement explosif dans la région du Rhin supérieur était précédé par le début de contestation contre la construction de la centrale nucléaire de Fessenheim, et la protestation massive contre les projets nucléaires du Badenwerk à Breisach et plus tard à Wyhl.
Les raisons pour s'opposer à la CWM étaient multiples.
L'usine aurait émis, dans l’atmosphère, neuf tonnes de plomb chaque année, et cela, dans une région de viticulture. Rapidement, on apprit qu’autour de telles installations, en Allemagne, les vaches mouraient dans les pâturages par intoxication au plomb. La population des deux rives du Rhin aurait été concernée par cette poussière de plomb émise dans l’atmosphère.
Une mobilisation transfrontalière
En août 1974, des écologistes allemands et français fondèrent une structure internationale de 21 comités composés de citoyens alsaciens et badois afin de s'organiser contre l'usine de fabrication de plomb et l'industrie nucléaire. Il n'y avait pas eu d’union semblable depuis les deux guerres mondiales. Il se passa quelque chose d'étonnant, dans cette région rurale des deux côtés du Rhin : plus de 4 000 personnes défilèrent pour protester contre l'usine de fabrication de plomb de Marckolsheim.
Cependant, les travaux préparatoires commencèrent à la mi-septembre. Le 20 septembre 1974, le site de Marckolsheim se retrouvait occupé par les écologistes français et allemand, qui construisirent une rotonde en bois : la première maison de l'amitié au bord du Rhin. D'autres occupations de terrain suivront à Wyhl (D), à Kaiseraugst (CH), à Gerstheim (F) et aussi à Buggingen, où les opposants badois à l'ensemencement de maïs transgénique font encore référence à l'expérience de Marckolsheim.
Des femmes protestent contre la chimie du plomb et l’énergie nucléaire.
Les femmes ont joué un rôle important dans la résistance active, un rôle qui ne correspondait pas nécessairement à la conception du genre des conservateurs du Kaiserstuhl et de l'Alsace dans les années 1970.
Marckolsheim, Wyhl, Fessenheim: Pour la sauvegarde du climat.
En 1974, les actions de protestation victorieuses contre le projet extrêmement polluant de l'air d'une usine de stéarate de plomb à Marckolsheim ont dynamisé la lutte contre les projets de centrales nucléaires à Wyhl et à Fessenheim. Des années plus tard, certaines de ces personnes actives se sont engagées dans la lutte contre le dépérissement forestier. C'est aussi dans ces actions précoces que l'on peut trouver une partie des racines de l'actuel mouvement pour la sauvegarde du climat.
Marckolsheim: Une victoire humaine
Cette première occupation à Marckolsheim, ce fut d'abord de la neige, de la boue jusqu'aux chevilles par un hiver humide et froid. Ce fut la démission du conseil municipal de Marckolsheim et l'occupation d'un pont flottant sur le Rhin à Sasbach. C'étaient des Badois, des Alsaciens, parlant le badois, l'alsacien, l'allemand et le français. C'était une renaissance de la culture régionale alémanique, et simultanément une dernière renaissance avant le déclin du dialecte alsacien.
C'étaient des femmes et des hommes, des viticulteurs et des hippies, des jeunes et des vieux, des gauchistes et des conservateurs, des multiples visages, des discours, des polémiques, des histoires d'amour, des discussions et des chansons autour du feu. C’étaient des manifestations, des occupations de ponts, des tracts, des recueils de chansons et des affiches.
Le 25 février 1975, le gouvernement français refusait, à l'entreprise allemande CWM, l'autorisation de construire l'usine de fabrication de plomb de Marckolsheim. Riche de cette nouvelle expérience, à savoir qu’une occupation illégale d’un terrain de construction peut conduire au succès, la protestation se déplaça de quelques kilomètres dans la forêt de Wyhl contre le projet d'une centrale nucléaire. Mais c'est une autre histoire…
Et après ?
Ce qui reste de ce succès, c’est une victoire pour l’homme et l'environnement avec l’empêchement d’une pollution annuelle de neuf tonnes de plomb. Pour l'entreprise CWM, qui devait fabriquer des stabilisateurs en PVC et autres matières plastiques, c’est finalement une sorte de victoire car ces produits ne sont plus utilisés aujourd’hui ; les protecteurs de l'environnement ont empêché une erreur économique.
C'est dans ce combat écologique qu'on trouve les racines du BUND et d'Alsace Nature. Les associations de protection de la nature se sont engagées dans une réflexion politique au sens large du terme ; la croyance des années 60 en la croissance révéla ses premières fissures.
Il faut souligner que c’est à Marckolsheim que se situe un des moments importants de la réconciliation franco-allemande. C’est ici que le rêve de l'Europe sans frontières a vu le jour dans la chanson de François Brumbt : « Mir keije mol d’Gränze über de Hüfe und danze drum erum ».
Aujourd'hui, un entrepôt de voitures de Peugeot et une usine d'acide citrique se trouvent sur le terrain, autrefois occupé. Les deux entreprises ne sont pas aussi polluantes que l'aurait été l'usine de fabrication de plomb. Cependant l'usine d'acide citrique, Jungbunzlauer, empeste les villages des deux côtés du Rhin, même si les émanations ne sont pas toxiques.
Axel Mayer, Mitwelt Stiftung Oberrhein, (Alt-)BUND Geschäftsführer et Kreisrat, à l'époque apprenti et occupant âgé de 18 ans
Jean Jacques Rettig, porte-parole du CSFR et administrateur d’Alsace Nature ; retraité, à l'époque enseignant et occupant âgé de 38 ans / décédé en 2024
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Insertion "Actuel"
Il y a 50 ans, le 8 mai 1974, le conseil communal de Marckolsheim s'est prononcé contre la construction des ouvrages de plomb, par onze voix contre neuf. Malgré cette décision démocratique, le préfet français de Strasbourg a annoncé : « L'usine sera construite ! », car de puissants mécènes soutenaient l'entreprise chimique. Le gouvernement CDU du Land de Bade-Wurtemberg, dirigé par l'ancien juge naval nazi Filbinger, a annoncé haut et fort qu'il n'y avait aucun danger de plomb et est intervenu à Paris contre la décision du conseil municipal. Les onze élus locaux qui avaient voté contre la construction ont alors démissionné.
http://protest-muenchen.sub-bavaria.de/artikel/2123
Marckolsheim: Il y a 50 ans, une mobilisation transfrontalière empêchait une usine chimique de s’implanter
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